C’est l’histoire de Batouala, on s’en doute bien, puissant chef d’un village au cœur de la brousse africaine, et un leader, mokoundji, du pays banda. Cette compétence est essentielle aux fonctionnaires coloniaux. [1] ». La vertu de Batouala se situe bien plus dans son influence politique que dans ses qualités littéraires. Jessie Fausset, essayiste présente au congrès, rapporte l'impression générale quant à la position de Diagne. Et ceux qui protestaient, on leur passait la corde au cou, on les chicottait, on les jetait en prison ! La conception de Batouala connait une inflexion entre 1914 et 1916. prix goncourt Mais dès 1914, Maran est ralenti par une charge de travail supplémentaire et une dépression. Prix Goncourt 1921. Maran oppose alors les négriers, les esclavagistes ou les français recourant au travail forcé contre les bons français, ses "frères de France, écrivains de tous les partis" dans lesquels il a foi en foi en leur générosité. Batouala, grand chef du pays banda, excellent guerrier et chef religieux est rattrapé par le temps. Il publie dans La Revue de Paris des articles concernant les conditions de vies des colonisés. Cette politique a des effets pernicieux sur place. Batouala, grand chef du pays banda, excellent guerrier et chef religieux est rattrapé par le temps. Il ne s’agira même plus de leur faire parler "petit nègre", mais wolof, malinké, ewondo en français[14] ». La France recrute près de 7% de ses troupes dans ses colonies. 6 mois après l'arrivée de Maran, ce dernier prend sa retraite et rentre à Bordeaux, laissant son fils seul pour subvenir aux besoins de sa famille. Alors qu'il est responsable d'une importante cérémonie, il doit dorénavant se méfier d'un concurrent amoureux en la personne du fougueux Bissibi'ngui qui cherche à séduire sa favorite, Yassigui'ndja. Le territoire ainsi découvert est alors partagé entre la France et la Belgique de part et d'autre du fleuve, celui ci marquant la frontière entre les deux puissances coloniales. Nous navions pas fini de bâtir nos cases et de défricher les terrains convenant à nos plantations, que ces maudits blancs étaient déjà sur nous. En plein massacre, une panthère surgit, se jetant de côté pour éviter la bête, Bissini'ngui évite de justesse la sagaie que Batouala lui avait lancé. La zone est peuplée de l'ethnie Banda[1], victime de travaux forcés dans le cadre du régime des compagnies concessionnaires (17 entreprises disposent de 50% de l'Oubangui-Chari, qui reste possédé par l'État) pour l'exploitation de l'hévéa par exemple. Jaloux attaque le style de Maran, qualifié de « naturalisme puéril[8] » et estime que l’académie Goncourt l’a choisi pour son sujet exotique plus que pour sa manière de l’aborder, celle-ci n’ayant rien de nouveau[7]. Au terme de tensions consécutives à la mort du père de Batouala lors de la fête des « Ga'nzas », Yassigui'ndja se voit attribuer la mort de celui-ci, hâtant ainsi le projet d'assassinat que Bissibi'ngui nourrit à l'encontre de son rival. Cette opportunité permet au gouvernement de montrer sa bonne volonté tout en contrôlant les débats. Le chapitre se clôt sur une scène de tempête richement détaillée qui laisse place à la nuit et au calme sur un nouveau panorama. L'auteur de "Batouala" a été oublié pendant plusieurs décennies. L'écriture devient pour lui une thérapie. ... Batouala : Le Résumé Batouala, le mokoundji ou grand chef de tant de villages songe aux Ga’nzas, fête où l’on procède en public à l’excision des jeunes filles et à la circoncision. Les noirs américains subissent un régime de ségrégation raciale tandis que leurs homologues français, bien que connaissant des discriminations raciales, ont la possibilité de s'intégrer par l'assimilation. Résumé. Son auteur, un fonctionnaire antillais du ministère des Colonies, soulève, en 1921, un vent de scandale ; et pourtant, cette même année, il … tirailleurs sénégalais Des députés comme Diagne estiment que le système français reconnait ses troupes noires, tout du moins plus que les autres puissances occidentales. André Gide est l’un d’eux. Ces peuplades, qui sont toutes encore foncièrement anthropophages oublient vite. René Maran est né en Martinique de parents guyanais. Dans une lettre datée du 11 mai 1917 adressée à Léon Bocquet, il estime avoir « presque fini de mettre au point ce fameux Batouala[4] ». C'est finalement au moment de la chasse que Batouala se voit porter le coup fatal par la griffe d'une panthère. Résumé Outre-atlantique, la réception de René Maran durant la Renaissance Nègre est ambiguë: Batouala est célébré davantage en raison de la pigmentation de son auteur, et pour des motifs stratégiques, qu’en raison de son esthétique naturaliste; quant à son influence poli- Jusqu’en novembre 1913, l’écriture avance bon train, Maran affirme qu’il n’a « pas perdu son temps ». L'écriture est sa seule passion, compromise par les contraintes de sa vie de famille. Routes de brousse, si mouillées au matin et si fraîches ; parfums moites, molles senteurs, frissons dherbes, murmures et, entre les feuilles, frisselis pressé de la brise ; brouillards en bruine, vapeurs des collines et des vallons sélevant vers le pâle soleil ; fumées, bruits vivants, tams-tams, appels, cris, éveil, éveil ! Le récit suit ses considérations ordinaires, comme celle de savoir si se lever vaut la peine, mais présente aussi son point de vue personnel sur la colonisation, la coutume et la vie en général. D’un bout à l’autre du pays, on renomme sa force légendaire, ses exploits amoureux, guerriers, et ses talents de chasseur, qui se perpétuent « en une atmosphère de prodige . Le récit suit ses considérations ordinaires, comme celle de savoir si se lever vaut la peine, mais présente aussi son point de vue personnel sur la colonisation, la coutume et la vie en général. Batouala est le premier roman " nègre " écrit par un " nègre ". censure Introduction Rien que la note de Senghor peut décider un lecteur à lire et aimer le livre de René Maran. Elle m'a valu bien des injures. Une pétition pour les droits des noirs doit être remise aux membres de cette dernière. ». Résumé. roman Fiche de Lecture : René Maran, Batouala, 1921, Paris, Albin Michel. Pour ce faire, il veut organiser une conférence Pan-Africaine, celle ci devant se tenir le même jour que la conférence de paix de Paris. Afin d’inciter à l’engagement, des conditions avantageuses sont mises en place et renforcées en 1918 : les conscrits bénéficient d’exemptions fiscales, d’un emploi garanti au retour du front, des droits spéciaux pour leurs familles et, sous certaines conditions, peuvent recevoir la citoyenneté[10]. en relation Le chapitre 4 prend place trois jours avant la fête, au cours d'une joute verbale, Yassigui'ndja s'attaque à sa rivale I'ndouvoura au sujet de Bissini'ngui. Cet ouvrage contient une critique ambivalente du colonialisme français : si la préface fait date tant sa critique des excès du colonialisme français est virulente, Maran, administrateur colonial de profession, ne dénonce pas le colonialisme en tant que tel. « C'est à redresser tout ce que l'administration désigne sous l'euphémisme "d'errements" que je vous convie. Toutefois, même si Maran s'attaque à ces déboires, il confie tout de même le soin de réparer ces torts à la métropole, loin de remettre en cause la nature même de la colonisation, pourtant profondément liée aux déboires qu'il critique : « C'est à redresser tout ce que l'administration désigne sous l'euphémisme "d'errements" que je vous convie. Cette difficile expérience de l'éloignement de sa famille est une des causes de la sensibilité de Maran. Le chapitre se clos sur un panoramique nocturne après l'introduction du rival de Batouala, Bissini'ngui. Celle-ci débute le 3 novembre 1912, date connue par une lettre de Maran à un ami éditeur[5]. Le récit suit ses considérations ordinaires, comme celle de savoir si se lever vaut la peine, mais présente aussi son point de vue personnel sur la colonisation, la coutume et la vie en général. Le 18 juillet 1905, il obtient son baccalauréat lettres-latin avec la mention passable[4]. Il a été formé dans les meilleurs lycées de France et est devenu fonctionnaire de l’administration coloniale. Les personnages évoluent dans des villages ainsi que dans la brousse omniprésente. Trop haut tournoie et tournoie le vol des charognards ! Le chapitre 1 introduit le personnage de Batouala le mokoundji, à travers une scène de réveil matinal au côté de sa favorite Yassigui'ndja et développe longuement une description comique de son chien Djouma. ». Bien que fonctionnaire efficace et dévoué, il subit des injustices liées à sa couleur de peau. La France le veult ! Le déroulement de la journée continue avec un dialogue entre d'autres villages par tam-tams interposés au sujet de l'organisation de la fête des « Ga'nzas ». Batouala y assiste en compagnie de son rival, tous deux mûrissent des plans de vengeance et sont conscients de la réciprocité de leurs desseins. racisme Une incompréhension s'installe entre afro-américains et noirs français, due aux pression différentes subies par ces deux groupes. Batouala a également été analysé comme un roman précurseur de la négritude. afrique centrale Le grand chef s'éteint sur des dernières paroles blâmant les blancs et leur travail forcé pendant que Bissini'ngui et Yassigui'ndja s'unissent dans des étreintes amoureuses avant de s'enfuir dans la nuit. Le chapitre 5 voit se réunir tous les villages de la région pour la fête des « Ga'nzas », s'ensuit de longues palabres sur l'exploitation coloniale et le mépris des blancs à leur encontre. traditions La lutte sera serrée. Il a de celles ci une image positive, transmise en partie par son père. Par ailleurs, on peut considérer que l'intérêt de Senghor pour René Maran est moins dû à son œuvre littéraire qu'à son parcours comme écrivain noir, ayant réussi à s’imposer dans le milieu littéraire et intellectuel français des années trente à travers son prix Goncourt[15]. Plus tard, il aurait fallu reprendre a pied d'œuvre tout ce qu'on a eu tant de peine a étayer au cours de longues années. Sa rédaction dure près de cinq ans. La solitude le plonge dans une grande détresse psychologique, dont il parvient à sortir en rédigeant des poèmes nostalgiques de sa vie au lycée de Talence, à Bordeaux. Henry Bidou est de ceux la. La solitude qui affectera Maran durant ses années d'internat est à l'origine de sa vocation d'écrivain. Et dabord, non contents de sappliquer à supprimer nos plus chères coutumes, ils nont eu de cesse quils ne nous aient imposé les leurs. De plus, Senghor affirme : « Après Batouala, on ne pourra plus faire vivre, travailler, aimer, pleurer, rire, parler les Nègres comme les Blancs. Le Petit Parisien envoie à son tour Albert Londres en Afrique, celui-ci publiant à son retour en 1929 Terre d'ébène, ouvrage bien plus critique que celui de Gide. Les colonies africaines servent donc à la France de réserve en hommes[11]. La France voit dans ce congrès une opportunité de défendre les bienfaits de sa mission civilisatrice et autorise sa tenue les 19 et 21 février 1919, à Paris. afrique. La vraie réussite de René Maran se situe sur ce plan. ». De plus, il mesure le changement de comportement des colons blancs à l'égard des indigènes, ceux ci participant à l'effort de guerre. Le roman est composé d'une préface et de treize chapitres : Le roman se déroule en Oubangui-Chari (actuelle République centrafricaine), en pays Banda dans la subdivision de Grimari, entre les hauteurs (Kagas) que sont le Kaga Kosségamba, le kaga Gobo et le kaga Biga. antilles Cette ambiguïté se retrouve aussi dans sa critique particulière de la colonisation. Premier roman nègre écrit par un nègre, en qui Léopold Sédar Senghor voyait un "précurseur de la négritude", récit d'une violence et d'une modernité extraordinaires, voici la complainte de Batouala, grand chef de tribu, vaillant chasseur et excellent marcheur. Ces troupes étaient néanmoins déployées sur des théâtres d’opération nord-africains. La France le veult ! René Maran, né à Fort-de-France (Martinique), le 5 novembre 1887, mort à Paris 13e le 9 mai 1960, est un écrivain français, lauréat du prix Goncourt en 1921 et premier Français noir à recevoir ce prix pour son roman Batouala, dont la préface dénonce certains excès du colonialisme. Après quelques péripéties (Maran, devant être embauché le 23 décembre 1909, rate son bateau et ne prend ses fonctions qu'en février 1910. Dans sa correspondance, Maran avoue s'ennuyer terriblement. La réception du Goncourt par Maran est donc plus due à un climat politique, culturel et intellectuel déclenché par la Conférence Pan-Africaine. Le chapitre 6 décrit la fête rituelle des « Ga'nzas » qui permet aux garçons et filles de marquer le passage à l'âge adulte. D’autres critiques estiment que pareil prix littéraire ne devrait pas être donné à un ouvrage critiquant, dans sa préface ainsi que dans deux chapitres, la politique coloniale française en Afrique subsaharienne. Cette stratégie n'ayant mené qu'a l'échec, Du Bois oriente son combat vers la défense des noirs africains et contre l'exploitation de l'Afrique par les puissances occidentales. Du Bois, intellectuel militant pour les droits civiques, visent à améliorer les conditions de vies des noirs en s'appuyant sur la bourgeoisie progressiste blanche. Il considère que Batouala est un roman « profondément médiocre, pareil à cent livres qui paraissent chaque année » et destiné à être rapidement oublié de par son manque de qualités littéraires[7]. Rejoignez Babelio pour découvrir vos prochaines lectures, Je n'avais jamais lu de littérature africaine avant ". La colonisation du territoire s'appuie à l'origine sur le thème de la mission civilisatrice avec une volonté affichée par la France de lutter contre l'esclavage puisque la zone est intégrée au circuit de la traite Atlantique depuis le XVIIIe siècle[3]. Trop haut est le ciel dont semble lazur incolore à force de lumière ! le 17 octobre, il les retravaille encore. La modération de ces requêtes tient à l'absence de critique de fond du colonialisme français, orientation probablement influencée par la présence de Blaise Diagne. Aux États-Unis, la National Association for the Advancement of Colored People voit le jour en 1909, précédée par d'autres mouvements. Etude de Batouala de René Maran I )Biographie René Maran est né le 5 novembre 1887 sur le bateau qui mène ses parents guyanais à la Martinique. Je ne pourrai donc jamais comprendre ni jamais aimer la femme indigène, inerte et simple réceptacle de spasmes désenchantés. près de 600 000 africains sont mobilisés, en majorité issus du Maghreb ou de l'Afrique-Occidentale française. Votre tâche est belle. Dans une lettre de mars 1915 à son ami Manoel Gahisto, Maran décrit l’avancée du roman : « Tous les chapitres étant esquissés, j’essaie de m’inviter au travail. Le 5 aout 1911, à la suite de la mort de son père, il obtient un congé de six mois qu'il met à profit pour rentrer à Bordeaux. Le grand chef Batouala ne peut plus dormir comme avant dans la quiétude de ta haute brousse.De nombreux soucis l'empêchent de rejoindre Le doux feu intérieur du sommeil : ses fonctions rituelles, la proximité des chasses, l'éloignement manifeste de sa femme. Au terme de tensions suite à la … Nous sommes en 1921. C'est ainsi que Batouala va mener la chasse à un jeune guerrier, dont toutes les femmes raffolent, dont l'une des siennes qu'il vient visiter dès qu'il a le dos tourné. Enfin, malgré sa volonté d'authenticité, Maran opère à travers Batouala un certain mépris pour les coutumes locales qu'il désacralise par un regard extérieur et profondément européen, regard caractéristique de l'auteur qui renvoie à toute l’ambiguïté de la personne. Pour Bidou, Batouala a trouvé le succès plus grâce à un engouement pour le roman colonial que pour ses propres qualités littéraires. ), Maran prend ses fonctions d'adjoint au chef de la circonscription de Bangui. Magnifique, les débuts de la négritude, la préface vaut elle aussi son pesant d'or.... Guerre et sauvagerie étaient tout un. Finalement, le chapitre 13 suit la longue agonie de Batouala, implacable malgré tous les soins plus ou moins magiques apportés et au terme duquel est évoquée le partage de ses biens et de ses femmes. Deux éléments en particulier : la forte implication des troupes noires dans la Première Guerre mondiale et l’implication de la France dans l’organisation du premier Congrès panafricain. En conséquence, je ne peux et ne dois songer a me marier qu'avec une Européenne."[18]. Il y aurait beaucoup d’éléments à analyser dans Batouala, gran… Nous sommes en 1921. L'entrevue est interrompue par l'arrivée d'habitants perdus d'un village voisin, le projet de meurtre est remis à plus tard. L’écriture de Batouala se confond avec l’expérience de Maran en tant qu’administrateur colonial. La aussi, le style de Maran est attaqué : « La description des mœurs est souvent amusante, mais ne dépasse pas en mérite celle qu’on rencontre dans tant de récits de voyageurs qui n’ont jamais prétendu à l’honneur des lettres. À l'œuvre donc, et sans plus attendre. Il entre en classe de troisième au Grand Lycée de Bordeaux, expérience traumatisante le poussant encore plus à se renfermer sur lui-même. Ils ny ont, à la longue, que trop bien réussi. Il vous sera plus dur de lutter contre eux que contre des moulins. Le chapitre 11 décrit le processus de la chasse, détaille les méthodes de traque et de capture, les différents animaux, évoque une histoire singulière sur un blanc chasseurs de M'balas (éléphants) et s'achève sur le signal du début de chasse : un grand feu pour précipiter les animaux à la merci des chasseurs.